Moutarde ? Citron ? Beurre ? Les trois en même temps ? Les devinettes sur les ingrédients de la sauce secrète qui recouvre l’entrecôte du resto L’Entrecôte vont bon train. Chacun y va de sa théorie tout en mastiquant sa viande avec un air concentré, essayant de comprendre grâce à quel ingrédient secret ce repas qu’ils sont en train de mâcher est si savoureux. Et oui, le restaurant L’Entrecôte n’a beau posséder qu’un seul plat au menu, il ne reste pas moins un endroit où l’on peut exercer ses papilles de néo-gastronome.
Il n’y a rien de tel que le mystère (dans les romans, dans l’érotisme, dans la nourriture) pour vous captiver, et c’est peut-être ce qui explique en partie le succès de L’Entrecôte. Ce restaurant qui compte plusieurs autres établissement en France – et qui en compte même un à Barcelone – a une proposition improbable : un menu composé d’un seul plat.
Que mange-t-on là où l’on ne mange qu’une seule chose ?
Il n’y a pas plus français et ordinaire qu’une entrecôte accompagnée de pommes de terre et de salade verte. Et pourtant, il n’y a pas plus français que de conférer à un plat aussi simple une telle élégance et une telle force gustative. Servi dans un restaurant aux murs en bois et aux fauteuils en cuir, ce plat et sa sauce secrète qui l’accompagne possède le pouvoir unique de nous faire réfléchir pendant que nous mangeons.
Ce restaurant rehausse donc la réputation tristounette du menu mixte. Comment ? En servant une entrecôte, certes, mais qui provient d’un bon faux-filet de bœuf. Accompagnée de frites allumettes, certes, mais cuitent avec talent pour qu’elles soient fines et croustillantes. Une simple salade verte, certes, mais avec quelques noix et bien assaisonnée. Et SURTOUT une sauce qui a fait de l’erreur une vertu, réputée pour avoir 25 ingrédients secrets (beurre, moutarde, estragon… ?) et qui nappe les généreuses portions de filet que l’on apporte à table déjà découpées.
La viande est présentée sur un plateau d’aluminium placé au-dessus de bougies chauffe-plat ce qui maintiennent la température de la viande, et ce qui nous permet de fixer les règles du jeu : la servir et la manger au rythme que l’on souhaite. Et les frites, distrayant le regard, sont servies en quantité généreuse.
Le tout pour 22 euros.
Pourquoi un restaurant qui ne sert qu’un seul plat réussit-il ?
Les desserts, c’est un autre monde. Une petite bible des desserts français classiques où l’on doit choisir entre des noms improbables comme la Dame, le Colonel, la Surprise jamaïcaine et le Jack Cup, pour finir par découvrir que tous les plats rappellent les profiteroles de notre enfance, avec des entremets, des meringues, des crèmes très sucrées et, surtout, du chocolat liquide, c’est très addictif. Et amusant.
Pour le vin, d’ailleurs, c’est pareil. Un seul cépage. Un rouge fabriqué pour la chaîne à Bordeaux. Parfois, un vin régional propre à chaque restaurant peut être proposé. Bref, un restaurant où le seul choix possible est d’y aller ou pas. Peut-être que dans un monde où il y a tant d’options, n’en laisser qu’une seule au convive assis à table c’est ça la formule ultime du succès.
📍15 Boulevard de Strasbourg -31000 Toulouse
*Un article de